Question détaillée :
Pouvez-vous expliquer en détail comment la descendance de Habil et Qabil s’est poursuivie ? Ont-ils commis l’inceste avec leurs sœurs ou existe-t-il une autre explication ?
Réponse :
La question de la descendance de Hābīl et Qābīl, fils d’Ādam (a.s), fait l’objet de débats parmi les savants musulmans. Le Coran ne donne pas de détails explicites sur la manière dont l’humanité s’est développée à partir d’eux, mais différentes opinions sont rapportées dans les sources islamiques. On peut les regrouper en deux grandes thèses principales :
1. Mariage avec des personnes extérieures à la fratrie
Selon plusieurs traditions, les enfants d’Ādam (a.s) ne se seraient pas mariés avec leurs sœurs, mais avec d’autres femmes que Dieu leur aurait accordées :
- Il est rapporté, par exemple, que Shayth (as), un autre fils d’Ādam (a.s), se serait marié avec une ḥūr al-ʿayn nommée Nāzla.
 - D’autres récits mentionnent la possibilité de l’existence de groupes humains parallèles, ou d’autres types d’humains créés par Dieu, avec lesquels les enfants d’Ādam (a.s) auraient pu se marier. Cette hypothèse repose sur l’idée qu’Ādam (a.s) n’était pas nécessairement le seul être humain créé à cette époque.
 
2. Mariage entre frères et sœurs
D’autres sources soutiennent que, dans les premières générations de l’humanité, les fils d’Ādam (a.s) se sont mariés avec leurs sœurs. Cette pratique, aujourd’hui strictement interdite (ḥarām), ne l’était pas à l’époque, car elle représentait la seule voie possible pour assurer la survie et la continuation de la lignée humaine. La législation divine (sharīʿa) évolue selon les époques, et ce qui était permis à une période peut devenir interdit plus tard.
Même dans l’hypothèse où ce type de mariage aurait existé, cela ne constitue pas une anomalie d’un point de vue religieux. Les critères du licite (ḥalāl) et de l’illicite (ḥarām) ne reposent pas uniquement sur nos conceptions morales ou rationnelles, mais sur la volonté divine révélée. Si Dieu (swt), Son Prophète (saw) ou les Imāms (a.s) n’ont pas donné une raison claire à une interdiction, toute interprétation humaine demeure spéculative. L’interdiction de l’inceste peut reposer sur des considérations morales, sanitaires ou spirituelles, mais sa véritable justification relève du décret divin.
Conclusion :
En définitive, il existe plusieurs théories sur la manière dont la descendance d’Ādam (a.s) s’est poursuivie, certaines excluant totalement l’inceste, d’autres le considérant comme une nécessité temporairement autorisée par Dieu à cette époque. La thèse la plus répandue parmi les savants shiites et sunnites privilégie l’idée que Dieu a permis à ses enfants d’épouser des femmes extérieures à leur fratrie, telles que des ḥūr al-ʿayn ou des femmes issues d’autres créations. Néanmoins, même si l’option du mariage entre frères et sœurs était retenue, cela ne remettrait pas en cause la moralité divine, car les lois religieuses évoluent selon les étapes de la Révélation, jusqu’à l’établissement définitif de la sharīʿa parfaite avec l’islam.
Ainsi, quelle que soit l’explication retenue, elle ne contredit ni la sagesse divine ni la cohérence de la religion.
AAA, sous la direction du Sheikh Mahdi Mosayyebi, reformulation de HK
