Question détaillée :
J’ai fait la promesse que lorsque mon fils trouverait un emploi, j’offrirais une chèvre en aumône (ṣadaqa). Maintenant, puis-je donner l’équivalent en argent à ma sœur qui est veuve et a peu de moyens ?
Réponse :
En Islam, la promesse, le vœu (nadhr), le pacte (ʿahd) et le serment (qasam) ne deviennent obligatoires pour une personne que si une formule spécifique est prononcée à haute voix, en arabe ou dans une autre langue qui en exprime clairement le sens.
Un vœu (nadhr) est lorsqu’une personne se rend une action obligatoire (wājib) envers Allah dans l’intention d’accomplir un acte méritoire ou de s’abstenir d’un acte qu’il est préférable d’éviter.
Les formules arabes à utiliser sont les suivantes :
لِلّٰهِ عَلَيَّ – Pour Allah, il m’incombe de… (on précise ensuite l’acte ou l’intention)
Exemples :
- لِلّٰهِ عَلَيَّ اَنْ اُصَلِّيَ صَلَاةَ اللَّيْل — Pour Allah, il m’incombe d’accomplir la prière de la nuit.
 - لِلّٰهِ عَلَيَّ اَنْ اَتْرُكَ الْغِيبَة — Pour Allah, il m’incombe d’abandonner la médisance.
 
Voici quelques points à considérer dans votre cas :
- Le vœu ou le pacte doit concerner une chose halal ou l’abandon d’une chose haram. Par exemple, on peut faire le vœu de jeûner ou de prier si son souhait est exaucé, ou de délaisser un acte interdit. Il n’est pas permis de faire un vœu d’accomplir un acte haram (ex. : médisance).
 - Si les formules sont correctement prononcées, en arabe ou dans toute autre langue ayant le même sens, alors il devient obligatoire (wājib) d’accomplir le vœu, et il est interdit de s’en écarter.
Si la personne ne respecte pas son vœu, elle commet un péché et doit donner une kaffāra. - Celui qui fait un vœu doit être pubère (bāligh), sain d’esprit (ʿāqil), agir volontairement (ikhtiyār), et avoir l’intention (qaṣd) de faire ce vœu.
 
Donc, si vous n’avez pas prononcé la formule obligatoire pour que le vœu (nadhr) ou le pacte (ʿahd) devienne valide, il ne vous est pas obligatoire de l’accomplir, mais vous pouvez tout de même faire un don en argent.
Concernant le serment (qasam), il doit être fait au nom exclusif d’Allah (ex. : « par Allah »). S’il n’est pas fait avec cette formule, il n’est pas obligatoire de le respecter. Mais s’il est fait et non respecté, alors une kaffāra s’impose.
Dans votre cas, comme vous n’avez pas prononcé la formule, il n’est pas obligatoire de donner une chèvre. Vous pouvez donc donner de l’argent, un abri ou autre chose à votre sœur, car le don de la chèvre n’était pas devenu obligatoire.
Voici des règles complémentaires selon l’Ayatollah al-ʿUẓmā Sayyid ʿAlī Sīstānī :
- Règle 2658 (Nadhr) :
Dans un vœu (nadhr), une formule (ṣīghah) doit être prononcée. Elle n’a pas besoin d’être en arabe.
Exemple : « Si telle personne guérit, il m’incombe de donner 100 £ à un pauvre pour Allah ».
Si on dit : « Pour Allah, je fais vœu de faire telle chose », alors par précaution obligatoire, il faut l’accomplir.
Si on ne mentionne pas Allah ou qu’on utilise le nom d’un awliyā’, le vœu n’est pas valide.
Si le vœu est valide et que le mukallaf ne l’accomplit pas volontairement, il commet un péché et doit verser une kaffāra. 
- Kaffāra (serment, règle 2687) :
Si une personne fait un serment (qasam) de faire ou ne pas faire quelque chose, et ne le respecte pas, elle commet un péché et doit :- Soit affranchir un esclave,
 - Soit nourrir dix pauvres,
 - Soit les habiller.
Si elle ne peut pas faire l’un de ces trois, alors elle doit jeûner trois jours consécutifs. 
 
- Kaffāra (pacte, règle 2686) :
Si une personne ne respecte pas son pacte (ʿahd), elle doit :- nourrir soixante pauvres, ou
 - jeûner deux mois consécutifs, ou
 - affranchir un esclave.
 
 
Syed Haider
