Question détaillée :
Est-il vrai que les Imams Hassan (as) et Hussein (as) ont prié derrière Marwan par acte de Taqiyya ? Pourquoi une telle action était-elle nécessaire pour des figures aussi élevées de l’Islam ?
Je sais que même les Compagnons (Sahaba) et les partisans des Ahl al-Bayt s’opposaient fermement aux individus malveillants. Comment alors les Ahl al-Bayt eux-mêmes, dont le statut dépasse notre imagination, ont-ils pu prier derrière une personne aussi mauvaise que Marwan qui dirigeait la prière ?
De plus, pourquoi auraient-ils eu recours à la Taqiyya alors qu’ils ne craignaient pas pour leur vie et qu’ils bénéficiaient d’un immense soutien des habitants de Médine, contrairement à Marwan ? Ces habitants n’étaient-ils pas conscients de la nature de Marwan et du fait que le calife qui l’a nommé gouverneur était un ennemi juré de l’Imam Ali (as) et incitait publiquement à l’insulter dans les mosquées ?
Réponse :
Les hadiths relatant cet événement historique sont authentiques. En tout, deux traditions rapportent cet événement.
L’un des hadiths est rapporté par Ali ibn Jafar de son frère, l’Imam Musa ibn Jafar (as) :
« Hassan et Hussein (as) avaient l’habitude de prier derrière Marwan, et nous (aussi) prions avec eux (les dirigeants). »
La chaîne de transmission de ce hadith est considérée comme authentique.
Ainsi, cet événement n’est pas fabriqué. La question qui se pose alors est la suivante : pourquoi les Imams (as) auraient-ils prié derrière une personne connue pour son animosité envers les Ahl al-Bayt (as) ? Plusieurs raisons peuvent être avancées :
- La Taqiyya pour protéger la communauté : La Taqiyya n’est pas un concept visant uniquement à protéger la vie d’une personne, mais elle a pour but de sauvegarder la vie de toute une communauté, surtout lorsqu’elle est pratiquée par son leader. En tant que chefs des Ahl al-Bayt (as) et du clan des Bani Hashim, les Imams Hassan et Hussein (as) devaient agir avec prudence non seulement pour protéger leur propre vie, mais aussi celle des membres des Bani Hashim et de la jeune communauté chiite. La machine de propagande des ennemis des Ahl al-Bayt (as) était si puissante qu’Imam Ali (as), l’homme le plus pieux après le Prophète (saw), était présenté en Syrie comme quelqu’un qui ne priait pas.
- Préserver l’unité musulmane : Si les Imams Hassan et Hussein (as) n’avaient pas participé à la prière communautaire, cela aurait conduit à la désunion et à la méfiance parmi les musulmans. D’autres auraient suivi leur exemple, ce qui aurait exacerbé les divisions.
- Éviter les accusations d’hypocrisie (nifaq) : À cette époque, un musulman qui ne participait pas aux prières en congrégation ou à la prière du vendredi risquait d’être perçu comme un hypocrite (munafiq). Cela aurait donné aux ennemis des raisons de calomnier les Imams et de justifier des actions répressives contre eux. Les années précédentes avaient été marquées par des guerres internes, divisant les musulmans en camps opposés. Avec des complots, des intrigues et des trahisons, l’Imam Hassan (as) avait dû accepter un traité de paix pour protéger le mouvement chiite naissant. Bien que les Imams aient toujours défendu la vérité, ils l’ont fait avec prudence, sans fournir à leurs ennemis de prétextes pour ternir leur image religieuse et sociale.
Ainsi, il apparaît clairement que les Imams remplissaient leur devoir religieux en participant aux rassemblements religieux, même si ces rassemblements incluaient des abus envers l’Imam Ali (as). Il est rapporté qu’Imam Hussein (as) réprimandait même Marwan à ce sujet. Cependant, maintenir l’unité de la communauté musulmane et éviter de donner des excuses aux ennemis semble avoir été une priorité majeure pour les deux Imams (as).
Sheikh Ahmed Danish
